Une manif anti-fa, à Tours

[Tresze]

Bon, c’est pas d’actualité, d’accord. J’aurais pu écrire ça plus tôt, mais je viens d’entendre l’appel à témoignages de Cemil et il m’a inspirée.

Ici, les relations avec la police pendant la manif restent tranquilles (à la fin ça se gâte, d’accord) : on ne les voit quasiment pas. On se souvient que la manif anti-extrême droite de juin a été partout traitée avec mansuétude, consigne ayant visiblement été donnée d’éviter l’escalade, pour une fois. A Tours, c’était presque émouvant. A chaque carrefour, point de barrières, de paniers à salade, de robocops coude à coude : à la place, un vélo de chaque côté. Et pas n’importe qui. A gauche, plutôt souriant et peinard, le seul flic noir de Touraine. A droite, le flic syndicaliste, vous voyez ? La moustache CGT, la voix qui murmure les slogans en cachette, bref, celui qui se retrouve incidemment du mauvais côté de la barrière, il en faut aussi.

Moi, je me marre. Non seulement on est encadré par 2 agents des forces de l’ordre, mais ils nous ont visiblement envoyé ceux dont personne ne veut, les « hors cadre » de la poulaille tourangelle. Alors bon, je leur souris bravement, et suis le cortège jusqu’au prochain carrefour. Quelques cent mètres plus loin, qui je retrouve, les mêmes ! Ben oui, le cortège n’est pas bien long, une fois passé, les deux braves pandores enfourchent leurs bicyclettes, filent au prochain carrefour, et recommencent. De les retrouver de carrefour en carrefour, je vous jure, j’ai fini par m’attacher, j’ai failli aller les saluer en partant. Mais je m’appelle pas Renaud, alors non.

Sinon, la jeunesse de Tours, elle danse, elle est motivée, elle est antifa radicale (elle a su entraîner le char d’un syndicat à scander au mégaphone « à bas l’état, les flics et les fachos » avant un rapide rappel à l’ordre…), elle pogote sur les Béru (!), bref, ça donne le moral.

Au passage, Cemil, si tu lis ça, un grand MERCI pour tes reportages de manif, c’est passionnant !

[Auteur]

Messages