C’est désormais monnaie courante : régulièrement, je vois mon travail être blacklisté.

J’insiste sur ce terme, là où on aurait pour habitude de parler de censure et donc de véhiculer tout un imaginaire de conspiration autour de cette pratique. Une image d’Epinal que je crois parfois loin de la réalité que je rencontre à intervalle régulier sur YouTube et désormais aussi sur Facebook.

Mon dernier reportage, tourné durant la manifestation parisienne du 12 décembre 2020, inclus dans une série baptisée « marches des libertés » (contre la loi Sécurité Globale et son monde), a connu un fort démarrage en terme d’audience à sa publication le vendredi 18 décembre au soir, avant d’être blacklisté le lendemain. Résultat : une chute brutale de 85% de taux d’audience sur YouTube et un simple et net frein sur Facebook.

Dimanche matin, soit 1 jour environ après sa publication, la vidéo de mon reportage s’est vue classée « violente » par les deux géants du Web.

Sur Facebook, alors que les vues explosent, un filtre floue accompagné d’un message « contenu sensible » est collée sur la vidéo. L’impact est immédiat : alors que le reportage cumulait 172 000 vues le samedi soir, seules 1000 vues ont été enregistrées dimanche soir.

Bref, la progression d’audience du reportage est tout simplement atomisé en plein vol ! Impossible pour moi de contester, ni même d’en savoir plus sur les raisons qui expliqueraient la situation.

Les statistiques d’audience de la vidéo sur Facebook comme sur YouTube sont sans équivoques. Une fois un contenu jugé « violent » ou « sensible » de manière arbitraire par la plateforme, il est mis au placard.

Ces derniers mois, dernières années, j’avais pu démontrer et expliquer le phénomène sur YouTube en vidéo.

Il est important de prendre le temps d’analyser les données accessibles pour comprendre comment fonctionnent les outils et réseaux « sociaux » que nous utilisons quotidiennement. C’est pourquoi j’ai fait ces vidéos, ci-dessus, mais aussi cette illustration ci-dessous pour démontrer par l’image la censure de l’information par les GAFAM sous couvert de lutte contre les contenus violents ou sensibles.

Lundi, j’ai pu inextremis republier la vidéo sur Facebook avant de devoir prendre un train. Elle cumule déjà plusieurs dizaines de milliers de vues alors que sa version blacklistée est figée à 174 000 vues.

Côté YouTube, alors que le reportage enregistrait des milliers de vues par heures avant d’être catégorisé « violent », la progression des vues a tout simplement chutée de 85%. Ce qui représente en réalité les recommandations de la vidéo sur la page d’accueil et la barre de droite lors de la lecture d’une autre vidéo YouTube.

Ne reste alors plus que le partage manuel de la vidéo, par les autres réseaux sociaux et les mails.

Comme je l’expliquais en interview sur Le Media il y a quelques jours (publié hier), nous assistons à un usage crapuleux de l’Etat de droit, des lois et des règlements, pour réprimer les oppositions, sous couvert de sécurité et de lutte contre la haine, les fake news, etc.

Mais quand les pouvoirs qui mènent ces luttes sont corrompues ou en conflit d’intérêts, comment ça se passe?

L’étau se ressert chaque jour, chaque semaine un peu plus. Vous pouvez compter sur ma détermination, mais j’ai besoin de pouvoir compter sur votre soutien, notamment financier pour continuer. Mille mercis !