Et de 4. Même 5, en comptant celle en sursis.
Les contraventions me pleuvent dessus depuis quelques semaines, comme pour bien marquer le coup du passage de 2020 à 2021 avec un message : l’année qui débute n’a aucune raison d’être meilleure que celle qui vient de s’écouler.

C’est « marrant » car c’était exactement le sujet de ma dernière vidéo postée sur YouTube fin décembre.

N’est-ce pas un poil ridicule de croire que chaque 31 décembre nos emmerdes collectives comme individuelles resteront bloquées, coincées, prisonnières de l’année qui s’achève pour, magiquement, nous offrir un grand « reset »?

C’est sur cette intro volontairement tirée par les cheveux que j’ouvrais alors cette vidéo, pour en réalité parler d’inertie politique, de constats civilisationnels et de nécessité de lutter pour la justice sociale.

Répéter, encore, que rien ne se gagne sans mal.

Cette 4e contravention (en 1 mois), j’ai dû aller la chercher en personne ce lundi matin à l’hôtel de police flambant neuf d’Annemasse. J’avais reçu une convocation fin décembre, totalement floue, sans motif. Angoissant.

J’ignorais donc qu’il s’agissait d’aller récupérer une ordonnance pénale et la contravention l’accompagnant.

181€ + 250€ en sursis pour, je cite, avoir « conduit un aéronef non conforme aux règles de sécurité et sans autorisation en survol d’une réserve naturelle« , soit la Camargue en décembre 2017.

Oui, j’ai bien piloté un drone de loisir en Camargue, l’hiver 2017, donc sans même un moustique dans les parages. A l’époque ma chaîne YouTube était toute neuve et j’y avais publié un montage vidéo de ces belles images, qui était passé totalement inaperçu à l’époque.

Sur place, je n’ai croisé aucun policier ni même un panneau d’interdiction de filmer la nature camarguaise.

Pourtant, 1 an et demi plus tard (en mai 2019) je recevais une 1ère convocation (elle avec un motif clair) en pièce jointe à un courriel envoyé… à ma chaîne YouTube.

C’est un détail qui compte, retiens-le bien.

Le 22 mai 2019 à 16:23, je reçois donc ce fameux courriel signé d’un commandant de police nationale qui me convoque dans son commissariat à Annemasse suite à un dossier initié par la Gendarmerie de Marseille qui a saisi le tribunal de Tarascon pour ouvrir une enquête de police à mon encontre.

Sacré dispositif déployé pour enquêter sur un type en vacances qui a piloté un drone de loisir au milieu de nulle part 1 an et demi plus tôt, non?

Une fois face à l’OPJ au commissariat, les questions étaient plus larges, voire plus en rapport du tout avec le drone et la Camargue. On me dit « Mais vous ne faites pas vraiment de reportage animalier sur YouTube en général, si?… » avant de me présenter des documents papiers où sont imprimés mon visage et des captures écran d’autres de mes vidéos.

Le moment est déjà assez dingue quand, à la fin de l’audition, l’OPJ regarde sa collègue et lui demande : « On le signale ou pas? » C’est-à-dire une prise d’empreintes digitales + ADN. Moment de flottement. Je me lève et décide d’amorcer mon départ. J’échappe alors au « signalement ».

Et puis comment, 1 an et demi après les faits ici incriminés, ai-je été identifié?

🦩 Un flamant rose macroniste m’a-t-il tardivement dénoncé à la gendarmerie?
🎥 Des caméras de vidéosurveillance à reconnaissance faciale sont-elles planquées dans le « désert » camarguais?
👮🏻‍♂️ Ou alors des flics, attirés par mes reportages politiques, ont-ils trouvé un heureux prétexte juridique pour m’atteindre?

Parce qu’en effet, si ma vidéo de loisir en Camargue n’a quasi pas été vue à l’époque (12/2017, 500 vues), ce n’est pas le cas de mes reportages vidéos tournés dans les manifestations « gilets jaunes » fin 2018, courant  2019. Comme par exemple cet épisode réalisé justement à Marseille (02/2019, 60 000 vues), qui présente des images accablantes des pratiques de maintien de l’ordre des policiers, CRS et gendarmes marseillais alors très aggressifs envers les manifestants. 

Reportage publié le 1er fév. 2019, soit 3 mois avant ma convocation policière initiée par la gendarmerie de Marseille…

Après avoir vu ne serait-ce que l’intro de ce reportage, et en se mettant à la place d’un agent des « forces de l’ordre » bourgeois (puisque c’est bien de cet ordre dont il s’agit), il est aisé d’imaginer les réactions éventuellement déclanchées.

Déjà sur le terrain physique lui-même, et dans le seul cadre de ce reportage tourné à Marseille, les rapports avec les agents présents étaient très tendus et les propos tenus totalement lunaires ! Je n’imagine même pas ce qui se dit alors à l’abri des oreilles indiscrètes dans les bureaux, casernes et commissariats.

Depuis ce 22 mai 2019, des tonnes de scandales et autres affaires en lien avec le politique et sa police sont venus illustrer l’éclatant tableau de la machine « corruption/répression » désormais en marche sous nos yeux.

Alors quand je le 18 janvier 2021 je récupère et cumule ces documents qui m’incriminent et me somment de payer des centaines d’euros à l’Etat en les justifiant grossièrement de lutter contre la crise sanitaire ou je ne sais quel autre conduite de drone en Camargue, je ne suis nullement étonné. En colère mais tout à fait conscient de la nature du moment.

La répression des opposant/es prend diverses formes et notamment celle de la « matraque financière » via les contraventions abusives et parfois même arbitraires.

Comme je le raconte dans la vidéo ci-contre au journaliste Théophile Kouamoua du Média, la plupart des amendes que j’ai à payer aujourd’hui m’ont été adressées sans intervention d’un agent de police, sans PV ni notification, rien. Tout s’est fait dans mon dos, et si besoin est, un cadre légal est brodé par la suite.

Je l’explique dans l’interview vidéo : le commissariat de police et la préfecture de police d’Annecy ont sciemment menti aux journalistes (de France 2, de Reporterre et de 20 Minutes) qui les ont contacté à la suite de mon tweet médiatique.

Près d’1 million et demi d’amende de 135€ ont été « distribuées » depuis le premier confinement avec un pic de 20 000 par jour ! Une avalanche répressive inédite qui a un effet largement obeservé : un fort sentiment d’injustice et de colère. Mais aussi une nette augmentation de la résignation et de la « peur du policier ». Bref, c’est l’objectif précis et à peine dissimulé par le gouvernement. En façade, souvent via la communication de Macron lui-même, se brode un discours ouvert et de compréhension, alors qu’en réalité est orchestré une répression et toujours plus de mensonges d’Etat pour la couvrir.

Je ne peux analyser ces pratiques abusives que comme motivées par un large sentiment d’impunité partagé dans les rangs des forces de l’ordre.

Sentiment entretenu précisément par l’ordre bourgeois aujourd’hui bien représenté par le pouvoir macroniste et le ministre Darmanin, qui campe à merveille le rôle de premier flic de France.

Sexiste, homophobe, raciste, accusé de viol. Banko !

A cet instant, dire que nous n’évoluons pas ou plus dans une démocratie digne de ce nom, serait ridicule. Car plus personne n’en doute. Car cet autoritarisme 2.0 qui ne dit pas son nom, cette nouvelle violence d’Etat rendue possible grâce au boom technologique de l’ultra connexion généralisée, est un chantier visible par tous.

C’est une forme de « terrorisme » qui se drape dans les valeurs de la République française, pour avancer masquer et servir le projet de la domination bourgeoise.

La situation est catastrophique à bien des égards. Pas seulement sanitaire, mais politique, économique et social.

Les mesures prises depuis bientôt une année dans ce contexte pandémique viennent, on l’observe sérieusement, anéantir les travailleurs/euses précaires, les TPE et PME, tout en gavant de milliards les multinationales qui pourtant continuent à réclamer des aides publiques, tout en licenciant à tour de bras.

En parallèle de se creusement record des inégalités sociales, les coups de matraques et de boucliers, les tirs de LBD, les amendes par dizaines et centaines de milliers forment un arsenal répressif quotidien qui permet d’instaurer une peur durable dans la population.

On le voit, les manifestations désormais transformées en nasses mobiles géantes, sont toujours plus dépeuplées. Sans surprise, il va falloir se rendre à l’évidence que l’étau se ressert et que la conséquence est notre radicalisation.

C’est-à-dire comprendre et résoudre les problèmes précisément à leurs racines. Ce qui implique de se lier, dans le réel, et d’organiser une lutte concrète contre ce « soft-terrorisme » d’Etat, tout en étant proposant d’alternatives radicales.

Ce 19 janvier, le lendemain de ma visite au commissariat, j’étais en direct sur le plateau d’Horizon, la nouvelle émission de Demos Kratos pour le premier épisode qui avait pour thème : « Comment sortir de notre impuissance politique« .

On a évidemment aborder un peu tous ces sujets, tout comme j’ai pu le faire aussi dimanche dernier en direct également mais du côté du Canard Réfractaire, mais j’ai surtout voulu tenir un discours d’espoir et de détermination. J’espère avoir réussi car je pense sincèrement que les choses vont et viennent, cyclothymiques, et que nous y avons un rôle à jouer.

Que ça a du sens et de l’importance. Ne serait-ce que pour donner du sens et de l’importance à nos existences.